Tuesday, November 24, 2009

Fall Fireworks




Thanks for the rare sunny Sunday walks this Fall 2009...
A first Sunny Sunday Walk in October, at The Madeira School, close to Great Falls, VA, provided me with pictures of leaves floating, of ponds that Manet would not have denied, and of a camouflaged frog.
Black Pond, The Madeira School... For Manet.

The Yellow and the Red...








The Camouflaged Frog...









A second Sunny Sunday Walf offered Fall Fireworks just a mile from my house... A small burst of yellow maple leaves in a sea of red...







Friday, November 6, 2009

La chronique de Gérard Collard - Les prix littéraires

Enfin, quelqu'un qui ose dire la vérité sur la magouille des milieux littéraires parisiens.

Saturday, October 10, 2009

NOISES

Cat purring right by my face at night;
the MGM lion roaring;
the rain on a hot summer night, windows open;
Russian Easter Bells -once you've heard them, all other bells are but "noisy gongs";
wind chimes;
the wind in the trees, shaking their summits when it is really windy, whispering, exhaling, singing;
the wind howling in the chimney on a cold winter day;
owls hooting;
voices in the distance when one is asleep: they are muffled but you know you are not alone;
waterfalls;
waves lapping at the seaside; and
waves crashing on rocks during a storm;
the crunch of footsteps crushing newly fallen snow;
the rustle of silk;
drums in a circle of joy;
the noise the steam iron makes whenever I decide to iron accumulated laundry: it echoes my sighs…
the "psscchht" of champagne being poured into a flute; and
the "pop" of the champagne bottle being opened;
cicadas in summer;
dry leaves being raked;
squirrels sending signals sounding like policemen’s whistles;
birds chirping at 4:00am in the spring;
magpies on the lawn in Canberra;
seagulls by the seaside;
neighborhood flagpoles in the wind playing masts and sails on a sailing boat;
the fire cracking in the fireplace when I add pinecones and roast chestnuts;
a train tooting in the night;
the muezzin calling to prayer in East Jerusalem; and
the Kaddish sung at Auschwitz…

October 10, 2009
©Sarah Diligenti’s Poems - The Quill and The Brush

Le canapé rouge, par Michèle Lesbre: un livre vide et ennuyeux

Un monologue prétendant être un dialogue entre la narratrice, Anne, et une vieille dame excentrique, Clémence Barrot (est-ce un clin d’oeil même involontaire à Clément Marrot?), voilà ce qu’est Le canapé rouge, de Michèle Lesbre… 138 pages d’introspection entre Moscou et Irkoutsk, entrecoupées de flashbacks dans le salon de Clémence, un livre lu en une heure et dont on ne retire rien.

La narratrice se remémore l’amitié qui la lie à Clémence lors d’un voyage en train vers Irkoutsk et le Lac Baïkal, à la recherche d’un ami, Gyl, qui est aussi un ancien amant, et dont elle n’a plus de nouvelles depuis six mois. Dans le train, elle “rencontre” un certain Igor, une rencontre qui n’en est pas vraiment une, car il n’y a d’autre échange que des regards, et une soupe aux choux qu’Igor offre à Anne par l’intermédiaire du cuisinier du wagon-restaurant. Igor partage la cabine d’Anne avec quatre autres voyageurs et l’interprétation qu’Anne fait de ces quelques jours passés avec Igor dans le même compartiment relève du délire hystérique. Igor serait son “ange gardien”… et elle reconnaîtrait son dos entre des milliers d’autres, car c’est surtout ce dos qu’elle a contemplé pendant les nuits de ce long voyage, le dos d'un Igor endormi sur la couchette faisant face à la sienne. Igor n’apporte rien à l’histoire, si ce n’est une touche anthropologique ou folklorique russe. De même la rencontre qu’Anne fera avec Boris à Irkoutsk est elle aussi une rencontre vide de sens. Le lecteur finit par se dire que si Gyl est parti si loin, en Sibérie profonde, là même où les Décembristes furent exilés par le Tsar en 1825, c’est qu’il voulait s’éloigner le plus possible de la narratrice, de l’ennui qu’elle porte en elle, de l’ennui et surtout du manque de vie, d’envie de vivre. Ce n’est pas une dépression : la narratrice « vit par intermédiaire », au travers des personnes qu’elle croise, au travers des vies de ces personnes, vies qu’elle imagine (Igor, Boris) ou qu’on lui raconte (Clémence).

C’est ainsi que la vie de Clémence est mise en parallèle avec celle de la narratrice. Clémence a vécu un grand amour, Paul, assassiné pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Elle a ensuite connu plusieurs hommes, mais ne s’est jamais mariée. Clémence est une ancienne modiste et l’auteur lui donne un côté “librement-mais-non-officiellement-adapté-de-la vie-de-Coco-Chanel” qui n’échappe pas au lecteur. Anne lui fait la lecture, surtout des portraits de femmes héroïques, Olympe de Gouges, Milena (la muse de Kafka), Marion du Faouët, avec une insistance sur la traversée à la nage de la Moldau par Milena, dans son désir de ne pas être en retard à un rendez-vous amoureux, qui devient clé trop visible de la dernière heure de Clémence, victime de la maladie d'Alzheimer et qui se suicidera, se jettant dans la Seine comme Milena dans la Moldau, avant le retour d’Anne de son artificiel voyage en Sibérie.

Le livre rappelle vaguement celui de Simonetta Greggio, La douceur des hommes, dans ce dialogue entre une femme âgée, un peu hors du commun, qui a aimé et vécu librement, sans attaches conventionnelles, et une femme plus jeune, ou comme Anne à la veille d’entrer dans une maturité stérile (il est trop tard pour avoir les enfants qu’elle ne voulait pas plus jeune), minée par l’anxiété de la vieillesse et de la mort. Cette peur du changement inéluctable de son corps devient un refrain exaspérant et le lecteur a une terrible envie de lui dire : « Assez de pleurnicheries ! Il y a pire que trois rides dans le monde qui nous entoure ! » ; ou, comme Bossuet, la sermonner : « Vanité, vanité, tout n’est que vanité ! ». Tout comme Constance dans La Douceur des Hommes, Anne est une avide voyageuse et mentionne ses divers périples alors même qu’elle est dans le train vers Irkoutsk, mais là s’arrêtent les similitudes. Car le livre de Simonetta Greggio exsude la tendresse alors que celui de Michèle Lesbre se révèle un bréviaire du narcissisme et de l’introspection, un « livre des regrets », une perte de temps pour le lecteur qui se demande encore quels critères ont jugé ces 138 pages dignes d’être publiées…

Est-ce une nouvelle tendance littéraire que cette angoisse de la ménopause par des baby-boomers ayant vécu leur plus belle année en 1968, comme Anne dans Le canapé rouge ? Ou doit-on y voir un rapprochement des générations, le nécessaire dialogue entre femmes enfin renoué, entre celles qui affrontent la vieillesse et la mort en face, avec philosophie, suivant le cliché qu’avec l’âge vient la sagesse et celles qui en ont encore peur ?

October 10, 2009

©Sarah Diligenti for La Plume d'WAA

Sunday, September 20, 2009

A Poem on Growing Old: Little Old Ladies


In Memoriam Stephanie Auspitz....
This poem of mine was published a few years ago in an anthology.



Little old ladies with pink ribbons in their hair,
soft, blushed, pink cheeks that smell of violet powder
when you hug and kiss them, and pretend they will
not die nor disappear in their little blue coats,

their tiny feet dressed up nicely against the chill,
the wise smile on their lips whispering how you ought
to not love ‘em so much nor cherish them so dearly,
for when the time comes they will wave bye bye gently,

lay their fragile body and their little wrinkled
hands to rest, their soft white hair elegantly brush’d,
the wise smile on their lips now hiding their little
secrets, the memories of lives past, forever asleep.

Bethesda, Dec 1 - 2, 2000


© 2000 Sarah Pickup Diligenti

Sunday, September 6, 2009

District 9 - The Movie, or the Mother of Metaphors on Xenophobia and Racism

Originally a movie based on real events that took place in South Africa (District 6 in Cape Town was declared a White-Only area in 1966 and forced removals and evictions started in 1968. By 1982, more than 60,000 persons had been relocated 25 km from District 6 and all standing buildings been bulldozed but for the houses of worship), the South African movie, District 9, is so strong that it becomes the Mother of Metaphors on Xenophobia and Racism.


District 9 is a science fiction movie, and as such, does a good job at exposing our very human feelings vis-à-vis all things alien. The undesirable “alien” population who lives in District 9, Johannesburg, is indeed rather… different. The movie director did not go as far as totally removing all resemblance with our species. These "aliens" are able to stand erect on their two hind legs, have arms, and a head, and have a language (even so, I was thankful for the subtitles: I did not understand a single word they uttered). These aliens are alien in as much as they do look like giant shrimps, with their skin made of some hard carapace/scale and their head with the little tentacles that give them a funny mustache. They came on a mother ship that hangs over Johannesburg and has been hanging there for 20 years when the movie starts. They “landed” on Earth when the humans opened up the ship, found them starving inside, and carried them into refugee camps to feed and heal them… thus creating the slum that is now District 9 at the beginning of the movie.


Twenty years later, the threshold of tolerance is reached and xenophobia rises. A system of segregation (really, of Apartheid) separates the “non-humans” from the “humans” and the government through an agency called MNU (Multinational United, a wink to UNO?) decides to relocate the aliens further away in an altogether new refugee camp, presented as the ultimate refugee camp for cleanliness and hygiene. Evictions are served, and I will try not to spoil the movie further as I share the thoughts and challenging moments it raised in me.


Of course, I commend the director and its team. Deciding upon a reasonably alien-looking creature (a giant shrimp) but keeping the main characteristics of what’s make us superior mammals (standing erect, a developed language and a highly developed technology… much higher than ours as is always the case in science-fiction movie) is a coup de maître. The human species’ destiny in science-fiction movies always seems to be that of the mean moronic Nazi in post World War 2 movies that brought good conscience to nations who didn’t dare examine their past or their actions during the war: the Nazis were cruel to the point of stupidity, had technology, but the smart French Resistant always outdid them (no word on the French collaboration!). Here again the same scenario: the aliens have a much higher technology than the humans, but eat tinned cat food (they do not even bother to open the cans!) and get done by a bunch of illegal Nigerians who sell them hundreds of cat food cans for money, or, even better, their alien weapons. These latter are useless to humans because they work only on contact with the proper DNA. The Nigerian chief in his wheel chair is as avid of this alien technology as the MNU, South African government and by extension the Western world. But hush!


The aliens are nicknamed “prawns” by the humans. Immediately come to mind the innumerable lists of derogatory terms/slurs humans created and used every time they felt threatened by someone. From slavery-related words to segregation and Apartheid, from “Yid” to “Jude”, from the Dreyfus Affair to Nazi Germany and anti-Semitic Poland and current France, from “bicot” to “raton” to “Paki” in the post-colonization era, from “limies” to “frogs” to “macaroni” to “slant-eyes” to “red skin”, human creativity in language seems unfortunately at is best when it is speaking out hatred and fear of the alien. Is xenophobia truly such a linguistic asset of the human mind? I shiver at the thought.


When the evictions are served, other images invade the spectator’s mind. Not that I lived World War 2, or any other war, but famous pictures of the Warsaw Ghetto came to me, the little boy with his hands up… Images of millions of displaced persons, in Rwanda, in Sudan, in Vietnam, in Afghanistan, ending up parked like cattle in refugee camps… Images of Gaza and the wall that cuts the Holy Land in two, on the one side of the wall, the wealthy Israelis, on the other side, Palestinians surviving in squalid conditions... Images of the shacks in Brazil, India or elsewhere that make our planet, the “planet of slums”…

District 9 goes beyond being a metaphor on what the Apartheid regime was. District 9 illustrates the consequences of hatred and contempt for the Other, the Human Alien Other, legal or illegal.










The Warsaw Ghetto Picture….


Vietnamese Refugee in Thailand




Refugee Camp in Gaza

Monday, August 24, 2009

Elfriede Jelinek, ou le mythe autrichien ébranlé


Briseuse de rêves ou artiste accomplie? Telle est la question que je me pose à la fin de l’été, après la lecture de plusieurs romans du Prix Nobel de Littérature 2004, l’Autrichienne Elfriede Jelinek.


Si tout comme moi, vous gardiez de l’Autriche une vision aseptisée, de bonbonnière aux douces couleurs pastel, sur fond de valse de Strauss, avec Romy Schneider et sa lourde masse de cheveux remontée en chignon quand elle interprètait Elizabeth “Sissi” von Wittelsbach, ou une vision plus sportive avec Franz Klammer slalomant à vitesse presque supersonique à Innsbruck, il se peut fort que ces dernières années aient déjà quelque peu eraflé cette naïve image d’Epinal. Entre les deux affaires de kidnapping et d’inceste, l’agence de tourisme sexuel de Nikki Lauder, ancien pilote de Formule 1, les virées politiques à la “plus à droite que moi, tu meurs!” du maintenant défunt Jorg Haider et de son parti populiste, l’image d’une Autriche aussi légère que la crème Chantilly des cafés servis à Vienne, aussi culturellement joyeuse et inspirée qu’une oeuvre de Gustav Klimt, cette image quitte votre esprit définitivement à la lecture des livres d’Elfriede Jelinek.



Célébrée pour la polyphonie de son écriture, sa dénonciation presque poétique des maux qui affligent l’Autriche d’après 1945 et l’Autriche contemporaine, l’oeuvre d’Elfriede Jelinek est avant tout sulfureuse. Certes un prodige d’écriture et de jeux de mots -au moins dans la traduction en anglais... car je n’ai pas osé m’attaquer à la version originale en allemand. Depuis Die Buddenbrooken de Thomas Mann, je n’ai plus rien lu dans la langue de Goethe-, certes des phrases vertigineuses de sens et de pirouettes littéraires sémantiques, mais aux dépens de la santé mentale du lecteur. Celle des personnages d’Elfriede Jelinek est totalement à la dérive: femmes battues et se laissant battre, victimes d’abus et d’humiliations sexuels entérinant des relations maritales sado-masochistes, comme c’est le cas pour la mère de Rainer et d’Anna dans Wonderful, Wonferful Times, ou pour Gerti dans Lust; ou encore touchant à la perversion inhérente au détournement de mineur dans The Piano Teacher.

Que ce soit d'ailleurs The Piano Teacher (dont il existe un film avec Isabelle Huppert, mais que je n’ai pas vu , -et que je ne pense pas voir, je ne suis pas à ce point masochiste-), Greed, Lust ou encore Wonderful, Wonderful Times, les quatre oeuvres que j’ai lues cet été, la violence insupportable d’une sexualité décadente, évocatrice des fins d’Empire (Romain, ou Troisième Reich revu par Visconti dans Les Damnés: http://www.in.com/videos/watchvideo-trailer-the-damned-1969-visconti-les-damnes-vo-2377373.html), s’accompagne aussi d’autres formes de violence, politique et économique, opposant Hans à sa propre mère, veuve d’un socialiste mort dans les camps de concentration, Herr Direktor à ses ouvriers, la pianiste à ses elèves; mais aussi violence faite à l’innocence de l’enfance. C’est à se demander, à travers ce déploiement intellectualisé de la violence, si ce n’est pas d’elle-même que l’auteure parle. Jelinek, tout comme Anna dans Wonderful, Wonderful Times, ou encore cette autre Anna dans The Piano Teacher, était destinée à une carrière musicale et tout comme ses deux jeunes anti-héroïnes, en proie à d’intenses dérangements psychologiques. Ces derniers ont même empêché l’auteure de se rendre à Stockholm pour recevoir son prix Nobel, tant il lui est impossible d’affronter la foule, de parler en public, comme Anna qui traverse des périodes de silence, perdant la parole, ce logos qui différencie l’Homme de l’Animal.





Est-ce la condition féminine, la soumission de la femme dans la société autrichienne présentée comme capitaliste, conventionnelle et catholique, à l’instar sous-entendu des “3 K: Kirche, Küche, Kinder”, que dénonce ainsi Jelinek? A trop se répéter d’un livre à l’autre, à trop rouler dans la boue l’ego et les maux du mâle (sans jeu de mots!), de l’Homo Austriansis devenu symbole de l’Homo Sapiens contemporain, même si cela est fait dans un registre de langue autrement plus riche, recherché et intellectuel que celui de Houellebecq (pour trouver un élément de comparaison à forte connotation sexuelle), l’auteure finit par ne plus convaincre. A crier au loup quand il n’y en avait pas, Pierre perdit toute crédibilité!

Sur les quatre romans lus, celui que je recommande quand même, c’est Wonderful, Wonferdul Times: effrayante vision de l’Autriche post-hitlérienne, qui se complait dans un rôle de victime du fait de l’Anschluss, n’ayant jamais le courage qu'eut l’Allemagne de confronter ses péchés, mais aussi effrayante descente aux enfers pour les quatre adolescents du roman: Rainer, Anna, Hans et Sophie, ou comment la violence engendre la violence qui engendre à son tour une certaine forme de terrorisme et de criminalité. Ce roman, situé dans les années 50 pourrait bien avoir comme cadre les années 70 ou cette première décennie du XXIème siècle. Ames sensibles, s’abstenir!

©Sarah Diligenti, septembre 2009 pour La Plume d'WAA

Sunday, August 16, 2009

Summer Strolls

There is nothing I find more relaxing than summer strolls, hunting for the unexpected flower or insect picture.

In D.C., two magic places work year round and are at their best in the spring and summer: Mount Vernon, the compulsory pilgrimage to George Washington's home and Washington's best-kept secret, the mansion, estate and gardens of Marjorie Merriweather Post: Hillwood Museum.



The Butterfly at Mount Vernon
















or
The Bumble Bee and the Blue Thistle at Hillwood














If only choices were always as simple!
***

One may prefer decoding an artist's pictural inspirations. When strolls in Giverny are but only a dream not yet come true, strolls in Hillwood's cutting garden and Japanese garden offer comfort and hope.


The Japanese Garden?
















or The Cutting Garden ?

I fancy that Manet is giving me his blessing for walking around these beautiful gardens and trying to understand what he saw, what he felt, and what he interpreted of Nature's bounty, of Nature's beauty, of Nature's colorful summer kindness to human eyes tired of the winter grays and the winter blahs.


Nympheas at Giverny, waterlilies in a Japanese garden in DC....




...Bridges to cross....














Waterfalls or water music...

...The Japanese maple trees are ablaze already...















Dame Sei Shonagon's spirit espouses Manet's.


The world is a garden...

Friday, May 1, 2009

L'amertume de l'exil: Andrei Makine


Recevoir un Prix Goncourt bien mérité, qui récompensât vraiment le talent, la langue et l’originalité, ce fut le cas d’Andrei Makine en 1995 pour son superbe roman, « Le testament français ».

Ce qui n’empêcha certes pas la critique littéraire de crier à l’imposture, et de traiter Makine de “métèque de la littérature française”. Certains auteurs dont l’œuvre est ainsi récompensée, disparaissent parfois sans jamais publier autre chose; d’autres enchaînent livre après livre, exploitant un filon ou une niche, diluant leur talent et leur style, au détriment de Dame Littérature. Quelques-uns résistent au temps, aux vagues qui font et défont la gloire littéraire, et écrivent sans chercher à plaire ou parfois même prêts à déplaire.

Makine demeure un cas particulier. Il a écrit treize livres; le quatorzième, « La vie d’un inconnu », est probablement la meilleure surprise de la rentrée littéraire de janvier 2009. On peut dire de Makine qu’il reste fidèle à son style, néo-classique s’il en est, loin des extravagances linguistiques de Perec ou Devos, stylistiques de Sarraute, et sémantiques d’auteurs allant de Houellebecq à la “trash littérature”. Il reste aussi fidèle à son sujet, à cette niche qu’il revendique comme personnelle, roman après roman, celle de la Russie Soviétique et des souffrances de l’homme (ou de la femme) sous ce régime totalitaire. Si son enthousiasme pour la France qu’il “choisit” en 1987 marque ses quatre premiers livres, voire même le très controversé cinquième livre “Le Crime d’Olga Arbélina”, petit à petit est apparue une deuxième tendance dans l’œuvre de l’écrivain, celle de l’amertume de l’exil, entamée dès "Requiem pour l’Est”. Par coups de plume bien acérée, Makine écorche, égratigne, tente de secouer cette France qu’il avait idéalisée et qu’il découvre n’être pas, n’être plus, et qu’il finit par dénoncer dans un pamphlet qui est aussi un réquisitoire, “Cette France qu’on oublie d’aimer”.

Son dernier roman, "La vie d’un inconnu", marque peut-être la synthèse des sentiments qui tourmentent l’auteur en la personne de son narrateur, Choutov, écrivain russe exilé en France, le double de Makine. D’un côté, l’amertume de l’exil volontaire dans un pays adoré, choisi, mis sur un piédestal, une « France éternelle » que l’auteur souhaiterait figée dans la splendeur de son passé historique mais qui évolue au gré des migrations, et de la langue, qui n’est plus celle de Voltaire, ni celle de Stendhal, car « aujourd’hui, la personne préférée des Français est un footballeur et non plus un poète » (p 38 Vie d’un Inconnu). Face à cette transformation du pays d’élection, et aigri par une histoire amoureuse impossible, le narrateur est pris d’un violent sentiment de nostalgie pour le pays qu’il a quitté et retourne à Leningrad, maintenant St Petersbourg, persuadé d’y retrouver son âme et l’amour de sa jeunesse, mais se retrouve de nouveau en exil - «Qui est-il ? Un Russe ? Mais passez bien habillé pour cet endroit. Un étranger ? Mais manquant de cette aisance qu’on sent au contact des Occidentaux. » (p89)-, ne pouvant comprendre ses anciens compatriotes retournés (au sens du « Retournement », excellent livre de Vladimir Volkoff) par la nouvelle Russie, qui « a copié ces modes occidentales et maintenant s’amuse à les pasticher. » (p72), alors « qu’autrefois un recueil de poèmes pouvait changer votre vie, mais un poème pouvait aussi coûter la vie à son auteur. Les strophes avaient le poids des longues peines derrière le cercle polaire où tant de poètes avaient disparu… » (p99)

Si le narrateur par deux fois exilé réssuscite, c’est grâce à Gueorgui Lvovitch Volski, le vieillard grabataire qui attend silencieusement qu’on le déménage, tant il gêne les nouveaux Russes que représente Iana car «quand on était jeunes, on n’avait pas le temps de parler avec les gens comme lui » (p75) et son fils Vlad, né à la chute du communisme, qui n’a donc pas grandi dans l’univers soviétique des Pionniers et des privations, et qui « parle une langue que Choutov n’a jamais entendue en Russie » (p93). Volski (Est-ce un jeu de mots sur Vronski, l’amant d’Anna Karénine ?) est un rescapé du régime totalitaire stalinien, un de ces personnages chers à Makine et qui font la grandeur humaniste de son œuvre (La fille d’un héros de l’Union Soviétique, La musique d’une vie, La femme qui attendait). Il a survécu au siège de Leningrad, il a survécu aux camps, il a survécu à l’atrocité et la folie du régime et des sbires de celui-ci : police secrète vous emportant en pleine nuit, interrogations, disparitions… Son histoire, au-delà de la parole historique, est aussi celle de son amour pour Mila, amour qui vécut, survécut, et mourut au rythme de l’histoire de l’URSS stalinienne. Un amour qui demeure après la mort de Mila, exemplaire par sa fidélité, et symbole aussi de cette Russie d’avant l’occidentalisation.

Grâce à Lvovitch, le narrateur « sait désormais que les seuls mots dignes d’être écrits surgissent quand la parole est impossible. » (p 288) et « qu’il n’appartiendra jamais à ce monde russe qui renaît maintenant (…) dans sa patrie. Il restera jusqu’à la fin dans un passé de plus en plus méprisé et de plus en plus inconnu d’ailleurs. Une époque qu’il sait indéfendable et où pourtant vivaient quelques êtres qu’il faudra coûte que coûte sauver de l’oubli. » ( p289)

Espérons que Makine survivra à ce double exil : l’exil volontaire qui s’avère difficile à vivre dans un pays qui semble bien loin de l’idéal qu’il s’en était fait, et l’exil intérieur de celui qui ne fut jamais prophète en son pays natal et ne peut plus le reconnaître, devenu lui-même, à 52 ans, monument historique d’une époque révolue.

Friday, April 17, 2009

Parabole des Temps Modernes: Le Bon Samaritain au 21eme siecle

Ceci n’est pas une plaisanterie, mais un texte très sérieux, écrit en anglais par une de mes “collègues bloggeur”. Nous sommes toutes une communauté d’auteurs sur www.opensalon.com . Verbal Remedy a accepté que je traduise son texte en français.
Cette réécriture d’un des plus beaux textes des Evangiles montre combien le texte peut tout à fait être contemporain: il suffit d’avoir l’esprit -et le Coeur- grand ouvert…
Son texte en anglais est ici: http://open.salon.com/blog/verbal_remedy/2009/04/17/lost_in_translation

Un homme se rendait de New York en Floride, lorsqu’il tomba entre les mains de pirates automobiles. Ils le dépouillèrent de ses vêtements, le rouèrent de coups et s’enfuirent, le laissant à moitié mort et nu.

Un télé-évangéliste passait sur la même route, et quand il vit l’homme blessé, il le doubla, le laissant sur le bord de la route, et continua son chemin.

Un manifestant, en route vers une manifestation anti-taxation (anti-Obama), arriva à passer au même endroit et lui aussi, quand il vit l’homme blessé, le doubla, le laissant sur la route et continua son chemin.

Un homosexual liberal, écolo et coco sur les bords, arriva à l’endroit où l’homme blessé se trouvait; et quand il le vit, il eut pitié et s’arrêta.
Il alla à lui, pansa ses plaies, lui versant de l’huile et du vin. (Beaucoup de vin. Du vin fabuleux).
Ensuite, il mit l’homme dans sa Volvo, le conduisit à l’hôpital le plus proche et l’y fit admettre.
Le jour suivant, il sortit sa carte Visa et en donna le numéro au directeur de l’hôpital.
“Prenez soin de lui”, dit-il. “Et quand je reviendrai, je vous rembourserai pour toutes vos dépenses supplémentaires”.

“Lequel de ces trois hommes fut un bon voisin pour l’homme qui tomba entre les mains des pirates automobiles?”, demanda Jésus.
Le juriste répondit: “Celui qui eut pitié de lui”.
Jésus lui dit: “Va et fais de même”.

Monday, April 6, 2009

Inventaire à la manière de et en hommage à Sei Shonagon

Dame Sei Shonagon est une femme de lettres japonaise qui a écrit vers l'an 1000 ce qui est considéré comme une des oeuvres majeures de la littérature japonaise. Notes de chevet, texte inclassable annonçant ce qui est connu en littérature moderne comme le "fragment". Notes de chevet est une collection de listes, de poésies, de complaintes et d'observations glanées tout au long de son séjour à la cour durant l'époque de Heian. Je tente ici de lui rendre un modeste hommage.



Choses élégantes

Le V de la passée du soir sur fond de soleil couchant automnal, les sombres silhouettes chinoises des arbres en hiver, les cerisiers du Japon en fleurs autour du Tidal Basin comme autant de Belles du Sud en crinoline et capeline fraiches et roses et pâles. Floraison de l’orchidée, une pivoine solitaire et épanouie dans un vase clair, un bouquet de tulipes s’abandonnant avec langueur. La longueur d’une nuque dégagée de chevelure. La démarche altière des Africaines.


Choses qui ont un aspect sale

Les taches jaunes du temps et la rouille des jours au creux des plis des vieux draps de lin et des vieilles nappes. Le divan dépassé par les années. Les feuilles mortes agglutinées le long du trottoir quand il pleut. Les grains de sable mouillés sur les jambes pâles. Les vitres grasses de fumée dans les bar-tabacs. Les étagères poussiéreuses d’une bibliothèque à l’abandon. La devanture de la boucherie-charcuterie : faisans et venaison suspendus. Les stations de métro de Paris. La neige en ville.


Choses désolantes

L’âpreté au gain. La guerre. L’intolérance. La grimace de haine qui déchire un visage. La méchanceté. La violence. La nature souillée, défigurée par les abus de l’homme : ordures le long des routes, dans les parcs ; îlots en sacs de plastique dans le Pacifique. Les ours polaires sans abri, les chasses au loup en hélicoptère, le pillage des océans et le viol des forêts tropicales. Les insultes devenues expression poétique contemporaine. La mort des idéaux. L’amour de l’argent.


Choses consolantes

Le sourire de ma fille. Le sourire de mon fils. La confiance douce du chat sur la couverture. Le soleil qui finit toujours par revenir. Les Béatitudes. La brise odoriférante d’un jour de printemps. Le bruit des vagues. Un oreiller propre sur un lit propre et tout juste fait, une senteur de lavande quand on s’y étend. L’odeur du pain chaud. L’amitié loyale. La prière de Saint François d’Assise. L’étreinte de l’ami(e). Le silencieux spectacle du lever du soleil sur le Grand Canyon. Le silence lui-même.


Choses qui me font battre le cœur

Le premier coup de tonnerre. La porte qui s’ouvre et qui se ferme : battements de peur, battements d’espoir. Le courrier quotidien, les messages sur le répondeur téléphonique. Les coups de fil en pleine nuit. Ne pas savoir où se trouvent mes enfants, ne pas savoir les consoler quand ils en ont besoin. Parler en public, poser une question dans une pièce pleine d’inconnus. Contempler le vide et se dire que ce serait si vite fait de basculer. Revoir celui que j’ai aimé naguère.


Choses qui ne font que passer

L’avion dans le ciel laissant une trainée de vapeur dans son sillage. Printemps, été, automne, hiver. L’enfance. L’amour. Nous.

Sunday, March 8, 2009

Girl's Scout Cookies: The Craze, The Dilemma and The Verdict

March is back and I feel assaulted every time I go for groceries. Right outside the main entrance of my local Giant’s, weekend after weekend, high-pitched little Girl Scouts try their hardest to convince me and the other weekend shoppers to buy their cookies…or else!

It’s not that I do not like Girl Scouts, I was one once three decades ago, albeit for one year only: the pack mentality did not work for me. It’s not that I do not like cookies: I do, but they have to be home-made, so that I know exactly what’s in them. Of course, as a full-time working mother, my cookie-making talent is only put to good use once a year, from November to January, when I become a first-class cookie warrior. My cookies are given to friends and family alike, along with home-made winter jams, and other sweet or savory “friandises”. Gift-giving means also time and thought-giving. My baking craze of the end of the year is often the time when I reminisce of the good times I’ve had with the persons for whom I bake, which makes them even dearer to me.

So what about the Girl’s Scout cookies? I do not want to sound like a party pooper. I do not want to be the mean middle-aged mother nor the bitter bad-mouthing bat. Nevertheless, I cannot condone Girl’s Scout Cookies. I looked at the nutrition facts from the bakers’ web sites: http://www.littlebrowniebakers.com/ and http://www.abccookies.com/ .




The “healthiest” Little Brownie-baked cookie is not the sugar free Chocolate Chips as advertised: one serving of this “sugar free” cookie is 3 cookies, 160 calories with 80 calories from fat, 0 sugar but a total carbohydrate of 22g with sugar alcohol 7g. It is also indicated that “Excess consumption may have a laxative effect”. Does this mean that a healthy cookie has to be a diarrhea-inducing cookie?



On the other hand, the serving of the seemingly not healthy Trefoils cookie is 5 cookies, a total of 170 calories with 70 calories from fat, 7 g of sugar for a total of carbohydrate of 23g, but no sugar alcohol. Who eats up to 5 cookies anyway? To my mind, the healthiest cookie will be the Trefoils…


As for the ABCcookies, their new Reduced Fat Daisy Go Rounds cookies serving claim 100 calories per serving, 20 cal from fat, a total carbohydrate of 19g with 8 g sugar, but they use the addictive high fructose corn syrup, most likely more than 2%, since all of the others say less than 2%. I am curious… Amongst the ABCcookies less healthy cookies, such favorites as Peanut Butter Patties, Thanks-A-Lot and Lemonades, with a serving of 2 cookies for 150 calories, between 60 and 70 calories from fat, and a total carbohydrate between 17 and 19g, out of which the sugar is between 9 and 10g.
The healthiest ABCcookies-produced cookie appears to be the Shortbread, with a serving of 4 cookies for 120 calories, and only 40 calories from fat, and 4g of sugar for a total carbohydrate of 19g.

Let’s not even mention the decadent new cookie, called Dulce de Leche, produced by the Little Brownie bakery: with 3 cookies for 200 calories, 90 calories from fat, 25 g of total carbohydrate out of which 11 g of sugar…

Am I being guilty of fierce cookie-nutrition-facts inquisition? Am I leading a crusade against the Girl’s Scout Cookies? There must be better ways to raise money than to always rely of bake sales, cookie sales, etc… Food as a treat is no treat at all but a dangerous weapon: a legal form of drug.

Am I guilty of remaining silent? The high-pitched voices are still ringing in my ears, and will do so until the last weekend of March: “Help raise money for the Girls’ Scouts! Buy Girls’ Scouts cookies! If you do not want to buy them for you, buy them and donate them!”

Would the new perfect murder weapon be the Girl’s Scout Cookie! Let the others’ arteries clog! Why would I buy for others what I deem not worthy for myself?

Wednesday, February 18, 2009

Quand ma patience est mise à l'épreuve... Syngue Sabour Pierre de Patience, Goncourt 2008...

Deux ans de vie dans l’ex-URSS et je pensais avoir développé l’art de la patience et même de l’avoir poussé jusqu’au raffinement, pouvant endurer avec le sourire et sans grincer des dents, non seulement les queues interminables dans les magasins –là-bas ou ici quand on annonce une tempête !-, les grèves en France en novembre 2007 et les non moins longues queues dans le froid glacial –que dis-je ? Sibérien !- pour trouver un taxi –faute de transports en commun !-, mais aussi les mauvaises lectures, celles qui sont mal écrites, vides de sens, celles qui n’apportent rien ou très peu, celles qui prennent le lecteur pour …… (Remplir le blanc avec votre juron préféré), celles qui reçoivent un prix sans l’avoir mérité ou, -pire encore !-, celles qui reçoivent un prix, -mérité ou non- sans avoir la décence d’admettre, de reconnaître, avoir « emprunté », largement et libéralement, consciemment -ou inconsciemment ? On en parle, j’y crois moins…-, à un autre auteur.

Longue tirade qui en dit long sur l’état de ma patience alors que je viens de finir en deux heures (nul besoin de plus !) le dernier Prix Goncourt, Syngue Sabour - Pierre de patience, premier livre écrit en français par Atiq Rahimi, auteur afghan vivant en France depuis 1984.
S’il fait un clin d’œil à Verlaine page 78 « Il pleut. Il pleut sur la ville (…) leurs plaies », le lecteur averti en comprend l’hommage : après tout, Rahimi est un poète, de langue persane. Je ne lui nie ni ses qualités de poète, ni sa tragique épopée personnelle, ni celle encore plus tragique, de son pays d’origine, l’Afghanistan, un pays dont je fis la connaissance au travers des très belles pages du livre de Joseph Kessel, Les Cavaliers, et que je rêve de visiter depuis lors. J’en rêve tant que cela devient une obsession : j’ai pris fait et cause pour la liberté de ce pays depuis 1979, date de l’invasion soviétique, puis pour la liberté et les droits des femmes afghanes ; j’ai pleuré lors de la destruction des Bouddhas et j’ai même cru que justice allait enfin être faite quand, en 2001, les Occidentaux ont décidé d’aller y voir de plus près. Je n’ai évidemment pas manqué la somptueuse exposition dédiée à l’Afghanistan à la National Gallery of Art l’automne dernier et je lis tout ce qui me tombe sous la main sur ce pays : articles, blogs, poèmes et les superbes livres de Khaled Hosseini, The Kite Runner et A Thousand Splendid Suns.

Ce fut donc avec une joie à peine contenue que j’accueillis la remise du Goncourt 2008 à Atiq Rahimi, et que je commençai la lecture de son livre, sans d’autre préjugé que favorable, étant une fervente croyante en l’avenir de la langue de Voltaire grâce à la francophonie élargie, celle d’auteurs non francophones mais ayant fait le choix de la langue française, comme nous l’a si bien prouvé Andrei Makine.

Hélas ! D’originalité, le livre de Rahimi en contient peu ou prou : une certaine forme poétique (c’est un poète), mais dont la contemporanéité poussée à l’extrême, voulant passer pour de la sobriété ou du minimalisme, sert d’excuse à la facilité ; et une histoire de « caille » dans le pantalon du père de la narratrice, qui fait sourire et évoque la phrase que l’on entendait, enfant, -phrase à double sens s’il en est-, lors de la prise de photographies du temps où les appareils n’étaient pas digitaux : « Attention ! Le petit oiseau va sortir ! ».
La principale force de ce roman réside dans sa potentialité théâtrale : toute l’action se passe dans la chambre du mari inconscient, comateux, le reste (sous-sol, cour, rue) est invisible au lecteur, même si mentionné par le narrateur et le personnage principal. Ce livre sera facile à adapter au théâtre. Il rappelle aussi la pièce de théâtre d’Amélie Nothomb sur la guerre, Les combustibles. De ce fait, il aura alors au moins le mérite de mieux servir la cause des femmes afghanes (ou de toutes les autres femmes que la guerre : viols au Congo, en Bosnie, -et j’en passe- et les régimes politiques patriarcaux –d’Arabie Saoudite, du Pakistan, -et j’en passe là encore- détruisent ou soumettent). Mais il faudrait encore que l’auteur reconnaisse les emprunts littéraires qu’il a faits !

Atiq Rahimi a, à mon avis, largement emprunté à Khaled Hosseini . Le portrait qu’il fait du jeune de 16 ans, victime d’abus sexuels se trouve originellement dans The Kite Runner : le fils d’Hassan, Sohrab, devient l’objet du désir et des perversions sexuelles d’Assef, l’homme qui avait violé son père. Rahimi va jusqu’à décrire les bracelets de chevilles à clochettes, les habits de fille, les danses, une reprise presque verbatim d’une des scènes les plus dures du livre de Hosseini.
Quant au monologue de la femme dans le livre de Rahimi, là encore il apparaît comme la synthèse monologuée, et moins bien écrite, de la partie 3 du deuxième livre de Hosseini, A Thousand Splendid Suns. Magistrale écriture que ces chapitres au cœur du livre de Hosseini : chaque chapitre porte le nom de la femme qui parle, Mariam ou Laila, dans un mouvement d’alternance qui recrée l’art du dialogue. Là encore, l’histoire des deux femmes, de leurs souffrances, de leurs péchés aux yeux de la sharia ou de la morale, est reprise et condensée dans le dialogue /monologue qu’a le personnage principal de Pierre de patience avec son mari comateux.

Ajoutons à cela que le registre de langue est d’une facilité qui relève du français basique ou du manuel de conversation pour voyageurs étrangers : présent simple, peu d’imparfait, peu de passé composé et pas de futur ; des phrases elliptiques, tronquées, qui veulent passer pour de la stylistique, mais qui m’ont fait penser à cette autre mauvaise lecture, Julien Parme de Florian Zeller.

Mes soupçons se confirment que le monde de l’édition parisien souffre du syndrome des « victimes de la mode » et veut à tout prix imposer un certain style littéraire au moyen du diktat des critères d’écriture. Chaque maison a son style : P.O.L. ne publiera pas ce que publie Gallimard, et P.O.L se pose comme l’avant-garde face au traditionalisme. Ce même monde littéraire cherche à marcher dans les pas du grand frère américain et trouver l’auteur francophone de la nouvelle niche géographique littéraire en vogue : chacun son Afghan, comme avant chacun son Chinois -Dai SiJie en France, Ha Jin aux US. Et puis, couronner un livre qui ne le mérite pas, surtout si l’auteur est d’un pays en détresse, a l’avantage non négligeable de donner bonne conscience et une image d’altermondialiste. Comment peut-on tomber si bas ?

Sunday, February 15, 2009

A Star Is Born: Lena Seikaly's Debut At The Kennedy Center's Millenium Stage


One of the reasons I had not yet attended one of the free Millenium Stage performances at the Kennedy Center is their timing: 6:00pm is too early for the working Washingtonian. To get there in time in the rush hour, I left my job an hour early. I did not regret it. When I arrived, there were already about 50 persons standing in line. I was lucky to grab a seat on the second row from the front.


The evening performer was Lena Seikaly and her quartet. I had already heard Lena's voice a few times at my friend Jane's house in DC. At that time she was performing with The Sanga Equation, a small jazz band created by Jane's son. At that time, she was already bewitching us all with an already warm and mature voice (very mature for a girl in her early 20s), her moving interpretations of famous jazz standards, including a jazzy version of The Sound of Music 's "My Favorite Things."


Tonight Lena performed for the first time at the Kennedy Center free Millenium Stage Concerts. Her voice is now pure velvet, pure sensuality. Her body language when she sings is ecstasy revealed. She is jazz incarnate, or should I say reincarnated? When one listens to her, it seems like if all the Great Ladies of Jazz and Blues are gathered in her voice. Or did they lean over her cradle when she was born, bestowing all their talents on her? Like Billie Holiday or Carmen McRae, Lena Seikaly brings emotion to all her songs. Like Sarah Vaughan, Lena's voice has a multi-octave range: she could have an operatic career if she wanted to. Like Sarah Vaughan again, she can deconstruct a melody without losing touch with the written notes. And like Ella Fitzgerald, she knows scatting, using sounds instead of words, proving the universality of jazz language beyond the barriers of race and country.

More than the voice of a good jazz performer, Lena Seikaly has the "Soul" necessary to sing jazz. She breathes jazz, she speaks jazz.

She has just been chosen as a participant for the 2009 Betty Carter Jazz Ahead Residency at the Kennedy Center, another great lady of jazz, if not the best one according to her peers. And she is releasing her first album, with the appropriate name of "Written in the Stars", which also reveals her talent as a composer.

One day, I am sure, Lena Seikaly's name will be added to the list of star jazz singers who are the measure of jazz singing.





Wednesday, January 28, 2009

OOPS... He Did It Again!

Some amongst you, I'm sure, will end up thinking I am on a personal crusade, or vendetta, against Pope Benedict XVI, or the Roman Catholic Church at large. To be honest, sometimes I wonder myself... However, it did not used to be so. I am all in favor of Coexistence of all faiths or lack thereof, as long as no proselytizing is involved, such as trying to convince me that your faith (or lack thereof) is better, more real, is the one and only Truth, than my faith (or lack thereof). To clarify my situation, let's say that at this stage in my life, I am "a" believer -but not a Roman Catholic-, trying not to drown in the tsunami of doubt that has been overwhelming me for 3 years now.



I went to a French Roman Catholic school from K to 8 and then another one from 9 to 12. Not that my parents were devout Catholics.

My father decided on a Catholic education, because of the riots of May 1968, because of the numerous public school teachers' strikes which interrupted, according to him, the necessary momentum of a child's education (tomorrow the French public school teachers will be again on strike, nothing changes!), because he had been sent to a Roman Catholic School in Paris, a guarantee of the best education possible at the time (1930s) for a child whose parents lived in the French West Indies. My father's parents, although baptized, were not, as far as I can recall and as far as I have been told, pious and practicing Catholics.

My mother attended the French public school system from K to 12. However, her family was a practicing and devout Roman Catholic family: my grand-parents attended Sunday Mass and sometimes weekday mass, my grand-father crossed himself before each meal, and my grand-mother's brother was a priest and an abbott. They went on regular pilgrimages to Lourdes and Pibrac, and I still remember my grand-mother's frying pan voice singing a hymn to "Le Petit Jesus" with tearful eyes.



When my mother married my father -a civil wedding only, in front of "Monsieur le Maire", the town mayor- , she entered a very long "traversee du desert" -crossing of the desert. Her spiritual life was emptied of its very essence. She was denied Communion, not allowed to partake of the Eucharist, because her choice for a spouse -my dad-, was a divorcee and divorce is NOT an option in the Roman Catholic Canon Law. This official "shunning" ended in 1991 when, the victim of a car accident that gave her three long agonizing years as a "vegetable" (a "Terri Schiavo", to be more explicit), the priest gave her the last rites, absolving her of all her sins -including having lived maritally with a divorcee- and put a holy host into her mouth. From June 16, 1964 (the day when she married my father) to July 22, 1991 (a couple of months before her actual death, when I asked the priest to come to her bedside on her birthday date), my mother was a "canonical outlaw". She was NOT excommunicated, but in a way it was worse than an official excommunication. She attended Church on Sundays, at least until 1985 when, I think, she lost her faith or at least started to seriously doubt the tenets of her church at the same time as she was entering a tumultuous phase in her life, what we now call MLC (midlife crisis). She took us to Church too, made sure we went through all the required sacraments, at least until we started to rebel, partly out of procrastination (we wanted to sleep in on Sundays), mostly because it downed on my sisters and myself that there was something "not right", something "not fair": Why could we take communion and she could not? Why is divorce a "bad" thing? Where was that "love that endures all"? Where was the God of compassion and forgiveness in this edict?





I did not mean to linger for so long on my family's religious background and adventures. But again, it may be my way of sorting out my concerned "anger", of pursuing my own little war against what I find to be the enduring hypocrisy or lasting "double standard" of the Roman Catholic Church.



When the Church of England decided to ordain women to the priesthood, many married Anglican priests and bishops asked to be restored in the ranks of the Catholic Church. Not only did it happen, but they were welcomed with open arms and given dispensations to derogate to the requirement of celibacy. (As is already the case with the Uniates in Ukraine or the Maronites in Lebanon). Meanwhile, the few Catholic priests, worldwide, who have been lobbying for the right to marry... cannot and will not be able to do so anytime soon (Benedict XVI is fiercely against it). Their alternatives are but a few: to resist the temptation of the flesh (and of love), to not resist the temptation and secretly live in mortal sin (or not so secretly, depending on the parishioners, I suppose), or lastly, to officially renounce the priesthood.



In the last few years since his election to the Holy Seat (pun intended), we have been able to witness again this "double standard" and even "double entendre". At times, it almost feels like a bad rewriting of George Orwell's 1984, especially the chapters where "double think" and "newspeak" are mentioned. Maybe Benedict XVI is an aficionado? True, the guy is a theologian and a philosopher, so playing with words is not a problem for him.



As one can recall, his first blunder dates back to September 12, 2006, in Ratisbonne. His choice of quote infuriated the Muslim world almost as much as the Danish cartoons did (and actually, if I am not mistaken, an Italian nun was murdered in Mogadiscio, Somalia, because of what he said).

On September 23, 2007, he "did it again" when he criticized the Muslims for persecuting Christians (which is unfortunately the case in some countries), or berating them for not allowing conversions to another religion. He did not mean converting from Islam to Judaism or Hinduism, he meant converting from Islam to Christianity, i.e., in his mind, Catholicism. Not that he must be singing Hallelujahs when a Catholic becomes Lutheran, or Jewish, or Muslim...Not that he encourages this either, does he?



With the Jews, Benedict XVI took a less straightforward, less frontal and less confrontational approach... until last week. Was he being facetious, Machiavellian? Was he trying to buy time?

To follow in his Polish predecessor's steps, he visited Auschwitz-Birkenau in May 2005, then the Juden Platz in Vienna, Austria, in September 2007. He received two of Israel's Great Rabbis in Rome in September 2005, as well as Rome's own Great Rabbi in January 2006.

In April 2008, following an earlier decision to allow the Tridentine Mass to be said in lieu of Vatican 2 Liturgy, should parishioner wish to follow this earlier style in Latin, the relationship between the Vatican and the Jewish community tensed. Indeed, one of the components of the Tridentine Mass is a "Prayer for the Jews" that is a more than probable root and cause of Catholic Antisemitism.



Allowing the Tridentine Mass in itself is nothing to raise a ruckus for: again, everyone should worship and pray in the words that suit one best. For the most part of it, Catholic Antisemitism
arose amongst populations that were either barely educated (the Spaniards at the time of the Reconquista), or not at all (the Polish peasantry, for example) or who felt threatened because times were "a-changin'" too quickly for their taste (Dreyfuss Affair in France in the late 19th century, and later on in economically depressed Europe between 1929 and 1939). The Jew was the ideal scapegoat: accused of ritual crime at Easter (a rumor that started in Catholic Eastern Europe and spread into Germanic Central Europe), of holding the reins of power -albeit secretly- (the Protocols of Sion, -a known fake- is still Gospel for others), of money, etc. And the Christian texts presented him as Christ's murderer, while at the same time forgetting that Christ... was Jewish!... until 1965 when the Vatican officially removed the burden of Christ's death from the shoulders of the Jews.

Still, what is at stake in the decision to allow the Tridentine Mass is the very fact that it contains a pre-Vatican 2 "Prayer for the Jews" for the Good Friday Liturgy, of a more conservative tone than its 1970 rewriting by Pope Paul VI.



Here is the text from 1960, rewritten by Pope John XXIII. The word "faithless" is shown between ['''] because it is the one word that John XXIII removed. In the Latin original, it is "perfidis" which was unfortunately often translated by "perfidious", which is probably the cause of the antisemitic image of "the perfidious Jew". A better translation of the Latin would have been "faithless".



"Let us pray also for the [faithless] Jews: that almighty God may remove the veil from their hearts; so that they too may acknowledge Jesus Christ our Lord. Let us pray. Let us kneel. Arise. Almighty and eternal God, who dost also not exclude from thy mercy the Jews: hear our prayers, which we offer for the blindness of that people; that acknowledging the light of thy Truth, which is Christ, they may be delivered from their darkness. Through the same Lord Jesus Christ, who liveth and reigneth with thee in the unity of the Holy Spirit, God, for ever and ever. Amen."



The text rewritten in 1970 by Pope Paul VI is very different in essence:



"Let us pray for the Jewish people, the first to hear the word of God, that they may continue to grow in the love of his name and in faithfulness to his covenant. Almighty and eternal God, long ago you gave your promise to Abraham and his posterity. Listen to your Church as we pray that the people you first made your own may arrive at the fullness of redemption. We ask this through Christ our Lord. Amen."



If the aim of the message is basically the same -the conversion of the Jews-, the means to get there and the presentation of the people to be converted is very different. The pre-Vatican 2 prayer is based on Pauline texts, and probably on Paul's own experience. If my memory is good, he was "blinded" on the way to Damascus, when he met Christ.

The 1970 text follows in the steps of the 1965 pontifical encyclic letter, Nostra Aestate, in as much as it recognizes the precedence of Judaism and indeed, acknowledges that there would be no Christianity without Judaism, since Abraham's descendants are both Jews and Gentiles (Isaac and Ismael).



Did Benedict XVI allow the return of the Tridentine Mass only as an "offering of peace" and as a first step towards reconciliation with the Integrist fringe of the Catholic faith? Did he not take the full measure of the words of the Good Friday prayer? Why does he think his version is even better than that of Pope Paul VI? Here is Benedict's version, dated February 2008:



Align Left

"Let us also pray for the Jews that God our Lord should illuminate their hearts, so that they will recognize Jesus Christ, the Savior of all men. Let us pray. Let us genuflect. Rise. All-powerful and eternal God, you who wish that all men be saved and come to the recognition of truth, graciously grant that when the fullness of peoples enters your Church all of Israel will be saved."


The conversion of the Jews is again the goal, but gone is Pope Paul VI's recognizance of the Judaic faith as preceding the Christian, gone is the acknowledgment of Abraham and his descendance, gone is the acceptation that some may reach God's Love by other means than the Catholic faith, and back is the allusion to the "blindness" under the euphemism of the verb "illuminate".


Which brings me back to the latest step in the ongoing "counter-Vatican 2" guerilla, and the most recent "twist" in the Judeo-Christian relationships.


A few days ago Benedict XVI welcomed back into the Roman Catholic Church four bishops from the Integrist fringe known as the Society of Saint Pius X, created by French archbishop Marcel Lefebvre who opposed the Vatican 2 reforms, ordained his own bishops and was henceforward excommunicated by Pope John Paul II. Amongst the four reinstated bishops, negationnist British Richard Williamson who denies the scope and the veracity of the Holocaust. I am including the YouTube.com video excerpt of his interview with Swedish radio/TV.
I was appalled at what I heard, the total denial of the gas chambers, the refusal to believe that 6 million Jews died, the charge of economical conspiracy. He ends his interview by asking the journalist not to show this on German TV because "[speaking like I do is] against the law in Germany." Well, it is also against the law in many other European countries...

How could Benedict XVI knowingly welcome back such a bishop? Notwithstanding the fact that the leader of the ultra-conservative fringe, Mgr Fellay, asked for forgiveness for what Mgr Williamson said, it is a known fact that Integrist Catholics are strongly influenced by Charles Maurras and the early XX century Christian Antisemitism, that the most reactionary Catholicism alive today can be found either in contemporary Spain (which never gave up Franco as lost) and Poland (which enjoys a resurgence of Catholic Antisemitism since the fall of communism).
Indeed, forgiveness is one of Jesus's commandments and the Prodigal Son was forgiven and celebrated back in the fold of his father's family and abode. However, he was repentant. Mgr Williamson is NOT repentant and has no intention to apologize for his statement. He is, after all, only following in the steps of the late Marcel Lefebvre's very own words, those words pronounced in the latter's Easter 1986 Homily, in Econe, or his article in Fideliter #49, Jan-Feb, 1986 (see the Index Thematique under Liberte religieuse)



The Forum Catholique website (if you read French, enjoy!)

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=461813 is also a great source of information about the ordinary Catholic worshipper and his or her position on the topics of Judaism, Holocaust and the recent developments with Mgr Williamson's statement and Benedict XVI's official reconciliation with, -who knows?-, his own personal demons. He was enrolled in the Hitler Jugend, wasn't he? He still is very conservative and getting more and more so, isn't he?
Or should I conclude using Jesus's very own words: "Father, Forgive them, for they know not what they do?"


Tuesday, January 20, 2009

Mytho et Megalo, Sego!

Ségolène Royal, c'est la grenouille qui voulait être aussi grosse que le bœuf!

Non seulement, l'équipe d'Obama ne s'est pas inspirée d'elle, mais en Française ayant la mémoire courte, c'est elle qui oublie qu'elle s'est inspirée d'un mouvement qui date d'avant elle: celui d'Howard Dean, Sénateur du Vermont, candidat démocrate -malchanceux!- à la présidence des Etats-Unis en 2004 et chef du parti démocrate jusqu'à une date récente. C'est lui qui est le premier candidat à avoir recouru aux emails, au "grassroots movement", travail sur la base et avec la base.

Avant Howard Dean, il y a eu l'avènement du mouvement de base MoveOn en l'an 1998, mouvement originel de Berkeley, California, contre l'"impeachment" de Clinton pour frasques sexuelles, mouvement anti-Bush s'il en est, dont le site web est : http://www.moveon.org/ . MoveOn a marché main dans la main avec Obama pendant toute la campagne électorale et Obama s'en est largement inspiré, notamment pour les demandes de fonds. Ce sont les millions de personnes ayant donné, par Internet, $10.00 en moyenne qui ont financé sa campagne (et avant, celle de Dean).

Voici une série de liens qui prouve que Ségo est mytho et mégalo :
de CBS News en juin 2003, http://www.cbsnews.com/stories/2003/06/04/politics/main557004.shtml (CBSNews, June 4, 2003, Howard Dean’s Internet Love-In, by Joel Roberts),
à Wired
http://www.wired.com/wired/archive/12.01/dean.html (Wired, How the Internet Invented Howard Dean, by Gary Wolf, January 2004) ,
au San Francisco Chronicle
http://www.commondreams.org/headlines04/0113-02.htm (Article paru aujourd'hui est une reprise d'un article paru originellement dans le San Francisco Chronicle le 13 Janvier 2004, par Mark Simon)
et la BBC News en janvier 2004 http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/3394897.stm (BBCNews, Jan 14, 2004, Internet Insurgent Howard Dean, by Kevin Anderson BBC News Online Washington)
en passant par le très sérieux et réputé New York Times http://query.nytimes.com/gst/fullpage.html?res=9B06EFDB1330F931A35752C1A9659C8B63 (New York Times, The Nation; Howard Dean’s Internet Push: Where Will It Lead? , by Glen Justice, Nov 2, 2003)
ainsi que le New York Magazine http://nymag.com/nymetro/news/media/columns/medialife/n_9188/ (New York Magazine News and Features, Candidate.com, by Michael Wolff, September 8, 2003).

Et puis, si Ségo est mytho et mégalo, et qu’elle a la mémoire courte (parce que quand même, elle sort de l’ENA, elle a du entendre parler d’Howard Dean !), cela n’excuse toujours pas les journalistes des quotidiens, Le Monde (pourtant a priori aussi sérieux et réputé que NYT)
http://www.lemonde.fr/web/article/reactions/0,1-0@2-3210,36-1143977,0.html
et Libération (moins sérieux, plus dans le m'as-tu-vu)
http://www.liberation.fr/politiques/0101313168-le-desir-de-venir-a-washington-de-segolene-royal
qui n’ont fait ni leur travail préliminaire de recherche, ni vérifié les dires de leur source ! De l'amateurisme, vous dis-je.

Les menteurs (et menteuses) à la guillotine!

Saturday, January 10, 2009

No Salvation for Humanity

It may seem trivial to blog about the current Middle East situation. What? More words? Hasn't everyone and anyone already written, blogged, videotaped, posted, analyzed, spoken on TV and radio? Isn't it a permanent ongoing race to the latest dead bodies's and injured's count? Doesn't it feel as if we were hyenas eating up the corpses of what the media have already chewed up? Aren't we replaying this ugly war in the comfort of our houses, hypnotized by the 24 hour news and the nightscope images on our big screen TVs, as if it were a mere video game? As if it were a game... It seems so far away.

Are we the ultimate voyeurs? You would have thought that after all the decades since World War 2 and the increasing communication means we would have had enough pictures of genocide, violence, war, enough to demonstrate and call for peace instead of conjuring up new blood. Nor the picture of the little Vietnamese girl burnt by napalm, nor the Killing Fields of Cambodia, nor the photography of the famished little African boy barely alive and about to eaten by the fuzzy vulture in the distance, nor the American soldier lynched in Somalia, nor the thousands dead in a couple of hours on 9/11, nor the discovery of mass graves, rapes and murders in the name of "ethnic cleansing" or political ideology on all the continents, nothing will be of use to humanity.

No images are strong enough to make nations stop and think that children's lives are too precious to be sacrificed on the altar of God, State or citizenship. Where is the new John Lennon who would be singing "Imagine...no religion, no country, nothing to kill or die for"?
Is History deemed to repeat itself senselessly?

We are all Cains, vindinctive and jealous, envious and murderous. Are we even worthy of some form of redemption?

These last weeks have borne a toll on my sanity. All the explanations provided right and left: the pro-Israeli prejudice in the main stream American press, the pro-Palestinian prejudice in the main stream European press, the omissions of both media with regards to pro-peace demonstrators (Israeli against what is happening in Gaza and Palestinians against another war with Israel), the blogs putting oil on this information fire, the comments on the blogs exuding hatred, calling to murder of one or the other, the one mountain of now fallacious religious, racist, historical, and political grounds on which one side bases its claims and the other mountain of the reversely qualified grounds of the other side.... The synagogue attacked in my hometown in France, the shouts of "Death to the Jews" in the streets of Paris, sung by Muslims and Christians alike, or should I say by Muslims and secular French alike? The calls for eradication of the State of Israel by some and of the Palestinians by others, the anger, the hatred...

There is NO salvation for humanity!

The hypocritical or fearful silence of those, in the Middle East, from Egypt, to Saoudi Arabia, to Lebanon, and the PA themselves, who wish for Hamas to be gone, to disappear, but who would never say it aloud, who wish for peace with Israel and look back with nostalgia at the year 2000 before the Second Intifada as a "golden age" of Israeli-Palestinian relationships, who wish that the unilateral negotiations between Syria and Israel had borne fruit in order to isolate Iran, their enemy within Islam, who lip-condemn the attacks for fear of enraging their own population, for fear of losing their own power...

Obama's election and a potential change in the American Foreign Policy as the possible reason for this attack on Gaza? Would the Israeli have measured the risk of "change" in the White House and decided to go ahead while Bush was still in power? Do they think that Rahm Emanuel is not hawkish enough, will not lobbby enough in their favor?

The stubborn attitude of the Israeli government who puts at risk not only the existence of the Hebrew State, but of all the Jewish populations scattered around the world, who may now fall victims of terrorist's attacks, of antisemitic acts, who puts the world at risk of a World War if Iran decides that it is time to enter the game.

Both sides playing at being more democratic than the other, more deserving than the other, when none is one or the other...

Indeed, there is NO salvation for humanity!

Monday, January 5, 2009

Les Déferlantes, de Claudie Gallay

Voilà un roman dont l’épaisseur laisse supposer qu’il obéit aux canons de la tradition littéraire classique… Quelle surprise, pour le lecteur ainsi prédisposé, de découvrir que l’écriture rappelle parfois Michel Déon dans Le taxi mauve, parfois Andrei Makine pour le traitement du narrateur ! Contre toute attente le style de Claudie Gallay exhibe une force peu commune, plus proche d’une écriture dite « masculine » que des écritures considérées comme « féminines » de Duras, Nothomb, Darrieussecq, Angot, Laurens ! Muriel Barbéry et Catherine Cusset seraient peut-être les auteures dont le style de Claudie Gallay se rapprocherait le plus. Les déferlantes, tout comme La haine de la famille ou Un brillant avenir, de Cusset, ou encore L’élégance du hérisson de Barbéry, font partie des livres que l’on n’oublie pas, qui procurent une émotion littéraire et personnelle intense.

Claudie Gallay écrit comme d’autres peignent : les descriptions minutieuses qu’elle fait des paysages de tempête, paysages de silence ou de souffrance que sont ces lieux battus par le vent et la mer autour de La Hague, arpentés par la narratrice, sont somptueuses. Elles témoignent aussi d’une extraordinaire capacité d’observation de la nature : le changement de la lumière, les jeux d’ombres de ciels chargés, les couleurs de la mer, les nombreux et divers oiseaux que la narratrice est chargée de recenser, dessiner, et surtout les effets concurrents d’une nature sauvage et solitaire sur les hommes et les femmes de La Hague, toutes ces descriptions replacent le lecteur dans une tradition littéraire ancienne, celle du terroir, peu ou malhabilement utilisée depuis l’avènement du roman d’introspection pseudo-philosophique dans la littérature française.

L’élément dominant de cette histoire trouble, c’est l’eau : un leitmotiv de « ciel bas et lourd » baudelairien, une pluie omniprésente même quand il ne pleut pas car toujours annoncée par l’un ou l’autre des personnages, et surtout la mer, les vagues, ces fameuses « déferlantes » du titre, qui n’apparaissent réellement que dans la tempête du premier chapitre. D’ailleurs le titre est extrêmement bien choisi : ce qui « déferle » dans la narration, ce ne sont pas tant les vagues que les histoires respectives de La Mère, du Vieux, de Florelle, de Lambert et de Lili, comme si la mer avait marqué tous les personnages du sceau indélébile de la fatalité. Elément féminin donneur de vie, la mer (jeu de mot inconscient ou conscient de l’auteure sur La Mère ?) est aussi porteuse de mort. Dans le roman, elle s’associe à cet autre élément liquide, la pluie permanente, et se fond avec elle et avec l’élément masculin « vent » en un tsunami destructeur. C’est en effet, la rencontre simultanée de ces forces de la nature qui engendre la destruction au fil des pages du roman. Destruction des âmes, car les haines rageuses qui animent les villageois, - au sens latin du terme (anima)- les ont éteintes.

Le tour de force de Claudie Gallay est d’avoir réussi la gageure de maintenir le lecteur en alerte grâce à une histoire palpitante : de l’isolation volontaire de la narratrice qui cherche à guérir, panser les plaies d’un amour « parfait », oublier sans l’oublier vraiment cet amant mort de longue maladie (on pense inévitablement à un cancer) à l’exposition des secrets, des amours et des haines qui hantent les personnages de La Hague, le lecteur passe du roman traditionnel au mystère quasi-policier sans heurt ni changement de champ et de registre lexicaux. Décor, actions, personnages, mythologie de la nature personnifiée (la mer, les oiseaux, le phare même), on est au sein d’une tragédie grecque sur bout de Cotentin, un Hauts de Hurlevent nouveau dans la bruyère normande. Si certains des personnages obtiennent la paix du pardon et, en ce qui concerne Le Vieux, font l’objet d’une rédemption qui n’est pas sans rappeler celle du très beau roman d’Henriette Jelinek, Le destin de Iouri Voronine (Grand Prix du roman de l’Académie Française 2005), d’autres, comme La Mère et sa fille, Lili, femmes délaissées, femmes trahies, demeurent haineuses, sans compassion ; le pardon leur est étranger, rendant toute rédemption impossible. D’ailleurs le lecteur est en droit de se demander si Claudie Gallay ne souffre pas d’un préjudice favorable aux hommes, tant le portrait qu’elle fait des femmes du livre est taillé au couteau vengeur. Même Morgane n’échappe pas à la critique et si ses formes voluptueuses font l’objet du désir et du regard des hommes, son prénom de fée rappelle celui de celle, Morgane La Fay, femme fatale par excellence, qui fit la chute et la perte de Merlin l’Enchanteur.

De même, les sculptures de Raphaël conjuguent au présent de narration non seulement les terres de La Hague au relief tourmenté sur lesquelles viennent s’échouer les bateaux pris dans la tempête, mais aussi les corps burinés et par les secrets et par la nature. Ce faisant, elles exposent au lecteur –en les transcendant- les souffrances des personnages, leurs mensonges, et leurs rêves. La description qu’en fait l’auteur au travers de la narratrice rappelle certaines sculptures de Camille Claudel, notamment Le Temps et La Vague. La présence d’un narrateur « accessoire », Monsieur Anselme, et à travers lui celle de la littérature française par la mention constante qu’il fait de Jacques Prévert, celle de Max, -métaphore christologique des Béatitudes-, de la Cigogne, ou d’Ursula ou même des chats du Vieux sont autant d’adjuvants d’un roman qui devient conte moral, avec une touche de fantastique lorsque, comme le dit Monsieur Anselme «la mort(…) [devient] l’imprévisible conséquence d’un geste d’amour ».

Certes il y a quand même quelques faiblesses dans ce pavé, faiblesses probablement dues tant à l’enthousiasme de l’auteure pour ses personnages qu’au mauvais travail de relecture de l’éditeur : anachronismes et illogismes de lieux gâchent le récit et embrouillent le lecteur ; certaines histoires parallèles comme le départ de Morgane pour Paris ne sont nullement nécessaires à l’histoire. Il est dommage aussi que la relation entre Morgane et son frère sculpteur Raphaël, -au nom d’archange-, à la limite de l’inceste, ne soit pas plus développée ; ou celle que Lili a pu partager avec son mari « absent », histoire conjugale qui semble s’inscrire en schéma psychologique récurrent de celle qu’ont vécue ses parents, Le Vieux et La Mère.

C’est une lecture sur plusieurs niveaux qu’offre ce roman de Claudie Gallay. La richesse et l’étendue de la culture de l’auteure –ou des recherches entreprises pour sa rédaction- ne sont plus communes aujourd’hui. Le lecteur n’est plus simple voyeur du narcissisme ambiant et exhibitionniste qui semble être la condition sine qua non des œuvres publiées par le monde littéraire parisien. Le lecteur d’un livre tel que Les Déferlantes se sent enfin purement lecteur, celui qui découvre, ravi, une histoire ayant un début, une fin et miracle ! un développement présentant fond et forme.

Sarah Diligenti ©2009